Barberousse ou Khayr Al-Din
Le sultan lui donne sa flotte.
Contraint de partir défendre l'Allemagne, Charles Quint n'oublie pas,
lorsque Soliman vaincu en Hongrie ouvre des pourparlers à Constantinople,
de lui réclamer Alger.
Il lui sera répondu qu'Alger appartient désormais à Khayr al-din Barberousse et qu'il n'est point au pouvoir du sultan de la lui enlever.
Soliman, inquiet des visées de Charles Quint sur l'Afrique du Nord, s'empresse de
faire appeler Barberousse à Constantinople.
Il songe à réaliser un vieux projet :
- Nommer le roi d'Alger grand-amiral de sa flotte.
- Khayr al-Din Barberousse est l'homme de mer qui lui manque pour que
la marine ottomane devienne maîtresse de la Méditerranée.
Le sultan Solliman II.
Deux mois plus tard, Barberousse apparaît dans les eaux du Bosphore,
ses vaisseaux pavoisés d'étendards.
Il est reçu dès le lendemain de son arrivée en grande pompe par Soliman.
Mais les membres du Divan
(conseil des ministres).
- Parmi, lesquels se trouvent des
Turcs de vieille souche, accueillent avec réserve le projet du sultan de nommer le
roi d'Alger amiral de la flotte ottomane.
- Etait-il sage de confier un commandement aussi important à un corsaire sans foi ni
loi, à un aventurier né d'une mère chrétienne? .
- Devant cette opposition, Soliman hésite.
Il envoie Khayr al-Din Barberousse à
l'homme qui a toute sa confiance, le grand
vizir Ibrahim, né également d'une mère chrétienne. Grand connaisseur d'hommes, Ibrahim
distingue dans le farouche corsaire
« dont le seul nom crié dans les batailles suffisait à mettre en fuite les vaisseaux
chrétiens »,
l'homme qu'il fallait à l'Empire.
Au lendemain de l'entrevue, le grand vizir écrit au sultan:
« Nous avons mis la main sur un véritable homme de mer :
- nommez-le sans hésiter capitan pacha,
- membre du Divan et
- commandant de la flotte. »
Dès son retour à Constantinople, Khayr al-Din Barberousse reçoit, des mains de
Soliman :
- un yatagan,
- une enseigne impériale et
- un bâton de Justice,
symboles du pouvoir absolu, que le nouveau commandant en chef allait exercer désormais sur
les navires,
dans tous les ports et dans toutes les îles relevant de l'Empire ottoman.
Alliance avec François 1er.
Le nouvel amiral est chargé de tenir en Méditerranée la chrétienté en constant état
d'alerte.
Avec une flotte composée de 80 vaisseaux et de 8.000 janissaires, Khayr al-Din
Barberousse ne cessera de ravager les côtes d'Italie, d'Espagne et d'Afrique
:
- Incendiant et pillant villes et villages,
- Massacrant les hommes,
- Emmenant en esclavage
femmes et enfants et
- s'emparant de tout vaisseau à sa portée.
En marge de sa mission ;
- Voulant prouver au sultan qu'il s'était attaché non seulement un véritable marin,
- mais aussi un courtisan plein d'imagination, il décide d'enlever, pendant l'été 1534,
la belle Julie de Gonzague pour l'offrir au harem de Soliman.
- Ce magnifique présent ne serait-il pas dans l'avenir un gage
d'incalculables avantages
pouvant servir ses ambitions ?
L'enlèvement manqué, Khayr al-Din cherche à réparer sa déconvenue
et débarque à Bizerte
avec 8.000 janissaires. Il y est accueilli par une population enthousiaste.
- A Bizerte, il nourrit un nouveau projet :
offrir à Soliman un royaume qui serait la clef de la Méditerranée occidentale : Tunis.
- Prenant prétexte que son souverain,
le prince Moulay Hassan,
ne reconnaît qu'à moitié la suprématie de la Sublime Porte,
Barberousse apparaît avec
sa flotte à l'entrée de la rade de Tunis et la ville tombe
en son pouvoir.
François I.
François I est soulagé :
- Les Turcs à Tunis constituent pour Charles Quint une
menace permanente,
et celui-ci ne pourra plus espérer faire de la Méditerranée une
mer espagnole.
- La prise de Tunis, décide le roi de France à contracter une alliance avec le
Grand Turc.
- A cet effet, il envoie un ambassadeur permanent auprès de la Sublime Porte:
Jean La Forest, gentilhomme d'Auvergne, esprit cultivé, pacifique et doux.
- La Forest est chargé d'une double mission.
Il doit trouver Barberousse à Alger
et
solliciter, en échange d'une aide en fournitures du roi, le secours de sa flotte pour
seconder les expéditions françaises contre Gênes et la Savoie.
- Il doit ensuite se rendre à Constantinople et demander à Soliman
aide financière et militaire pour « abattre l'empereur qui n'aspire qu'à la monarchie
du monde ».
Charles Quint chasse Barberousse.
Tandis que François I est en pleine tractation avec la Sublime Porte, Charles Quint prépare, dans le plus grand mystère,
une expédition contre Tunis.
Cette expédition fait partie d'un vaste projet : attaquer Alger.
Débarrasser définitivement le littoral africain de la puissance
barbaresque et se retourner ensuite contre Constantinople,
l'enlever et réaliser son rêve de Méditerranée espagnole.
Charles Quint devant Tunis.
Charles Quint quitte Barcelone au printemps 1535,
accompagné de son grand-amiral génois, Andrea Doria, ainsi que de
l'élite de la noblesse espagnole.
Deux cents vaisseaux jettent l'ancre à Porto-Farina, petite ville située au fond
d'une anse où, trois siècles plus tôt, Saint Louis avait débarqué au moment de
sa dernière croisade.
Vingt-cinq mille fantassins et six cents cavaliers sont lancés à l'assaut du
château de La Goulette, forteresse située à l'entrée du chenal menant à la rade de Tunis.
Pendant trente-deux jours, la forteresse résiste à la double attaque de l'armée de
Charles Quint et de la flotte de Doria mais, à bout de ressources, elle finit par se
rendre.
Une fois la forteresse investie par les forces espagnoles, Barberousse n'est plus
en mesure de s'opposer à un débarquement. Il se réfugie à l'intérieur des terres avec son armée et essaie de tenir en échec les troupes impériales sur un terrain où le soleil et la soif lui assureraient le succès.
Dans sa marche vers l'intérieur, il oublie les 20 000 esclaves chrétiens qui remplissent les bagnes de Tunis. Ceux-ci, laissés sous une garde insuffisante, brisent leurs chaînes et ouvrent les portes de Tunis à l'armée de Charles Quint.
Barberousse n'a que le temps de fuir dans les montagnes, d'où il rejoindra la
route de Constantinople.
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