A partir de ce jour, Arudj et Khayr al-Din ne s'attaquent plus à des bâtiments isolés, mais à des convois entiers.   Aucun traité, aucune convention n'embarrassent la conscience de ces jeunes loups de mer.
Génois, Vénitiens, Napolitains et Espagnols sont, au même titre, de bonnes prises.
Malheur à qui tombait entre leurs mains!
Rivés aux, bancs de leurs galères, les esclaves chrétiens étaient contraints de ramer douze heures et parfois vingt-quatre heures sans répit.   Pour les soutenir, on leur mettait dans la bouche des morceaux de pain imbibés de vin.
S'ils s'évanouissaient d'épuisement, ils étaient ramenés
à la conscience par les lanières en nerf de bœuf des gardes-chiourme, et s'ils étaient
trop mal en point, on les jetait à la mer.
Me faut ramer
Sur cette mer,
Battu, je suis
De mes amis...
chantait un jeune captif français.
La terreur qu'inspirent les deux Barberousse à la chrétienté tout entière est telle
que les Maures d'Alger en révolte contre les Espagnols les appellent à leur secours.
Arudj accourt.     Entrevoit-il la possibilité d'obtenir enfin un port où il serait le maître ?
L'opération est rondement menée :
Inquiet de voir les deux Barberousse établis sur la côte africaine, le régent
d'Espagne,   Génois, Vénitiens, Napolitains et Espagnols, envoie une expédition forte de 15 000 hommes et de 300 vaisseaux pour les chasser d'Alger.
Mais, au moment où l'artillerie espagnole entreprend le siège de la ville, les portes
de celle-ci s'ouvrent et laissent passer un flot humain de Turcs, de Maures et d'Arabes qui bousculent les assiégeants et y sèment la panique. La déroute espagnole une fois achevée, Arudj s'empresse de se faire proclamer roi d'Alger.
Cependant, la position des Barberousse
demeure vulnérable :
aux mains des Espagnols,
et qui servent à approvisionner la garnison espagnole d'Oran.
Par une action concertée, les deux frères entrent sans combats dans Tlemcen
et Ténès.
Barberousse reste seul maître.
Aussitôt le régent d'Espagne envoie une nouvelle armée entreprendre le siège de
Tlemcen :
l'étau espagnol en tentant plusieurs sorties.
l'enceinte avant d'être montrée aux tribus, son corps fut cloué au mur.
Khayr al-Din Barberousse devient ainsi
le seul souverain d'Alger.
Fidèle à la politique de son frère, il cherche à la développer en intéressant l'Empire ottoman
à la défense d'Alger.
Dans ce but, il envoie un messager à
Constantinople :
Le sultan Selim, alors en Egypte, où il
vient de triompher des Mameluks, reçoit avec satisfaction cette proposition.
Sans hésiter, il envoie au roi d'Alger un sabre, un cheval et un tambour, insignes du
gouvernement d'un « sandjak » (province turque).
Une fois maître du bassin occidental de
la Méditerranée.
Khayr al-Din Barberousse
va repeupler Alger avec les Maures qui
fuient l'Espagne.
Il transportera, en plein
jour et sans que jamais aucun vaisseau castillan ne se hasarde à troubler l'opération,
plus de 60 000 Maures.
En 1520, Charles Quint monte sur le
trône, tandis que Soliman, dit le Magnifique, succède à son père,
le sultan Selim.
Le nouveau roi d'Espagne, fidèle à la
politique de son prédécesseur, n'admet
point l'installation d'un gaillard de la
trempe de Barberousse sur la côte africaine.
Il s'apprête à entreprendre une vaste
opération militaire et navale contre lui
quand Soliman, qui vient de prendre Rhodes - bastion avancé de la chrétienté, mais épine au talon de l'Empire ottoman
- menace d'envahir la Hongrie à la tête de 2 000 hommes.