Les Dossiers de l' Histoire Mai 1958 (suite)
Au-delà du 13 Mai 1958
Maintenant, du calme...
Patiemment, le général Salan informe Pierre Pflimlin, lui fait saisir dans son ampleur la complexité du drame algérien, fait surveiller les « a-gaullistes », comme les gaullistes et surtout poursuit dans une légalité qu'il est seul à incarner l'administration de l'Algérie.
Mais comment va se dérouler en métropole cette première semaine de la sécession provisoire ?
Le rédacteur de « L'Agonie du Système » l'explique :
Le jeudi 18 mai, le gouvernement considère que la victoire lui est acquise, investi malgré l'ultimatum d'Alger, il peut affecter de tenir en mains l'Algérie grâce au contact établi avec le commandant supérieur inter-armées, le Général Salan.
L'agitation syndicaliste commence.
Le 16 mai, malgré le refus des droites, Pierre Pflimlin, fort des voix communistes, obtient le vote de l'état d'urgence. Quatre petites ligues sont dissoutes.
Trente-cinq mille policiers cantonnent dans les rues de la capitale. Pourtant,
il faut compter avec la troupe. En Allemagne, les forces françaises sont acquises au mouvement d'Alger; la flotte partage ces sentiments. Quant au général Ely, chef d'Etat-Major général et, partant, chef suprême de l'armée, sa préoccupation est unique : ne pas diviser l'armée.
Le général Ely, en effet, s'il adjure le général Salan (qui n'en a guère besoin)
de demeurer dans la discipline, a signifié aux ministres qu'il ne leur donnerait
pas un homme contre l'armée d'Afrique.
!
S et M. BROMBBRGER :
Ce 18 mai, le général Ely envoie un officier porter une lettre à Colombey.
Il devait etre reçu cet après-midi par le général de Gaulle qui l'avait convoqué,
à la suite de son appel au secours du 12 mai.
Il s'excuse... Démissionnaire, en confiit avec le pouvoir, il ne peut plus venir sans compromettre son interlocuteur. D'ailleurs, il entre à cet instant
dans la clandestinité.
Son bras droit est le général de Beaufort, son ancien collaborateur à l'E.M.G.A. qui a pris dès longtemps une position très avancée contre « le gouvernement d'abandon » et qui vient le voir trois fois par jour, lui apportant ses informations...
Pour Beaufort, il s'agit de donner assez de réalité à l'opération militaire,
de la rendre si imminente, si menaçante, que le Gouvernement et le Parlement soient obligés de capituler...
Sa manière de diffuser personnellement, auprès des plus hautes autorités
du pays ou par des voies détournées, le calendrier, d'ailleurs réel, de « Résurrection », de faire savoir les adhésions au mouvement qui laissaient le gouvernement sans défenseurs, de suspendre continuellement les paras dans le ciel de Paris, devait aboutir à une victoire
psychologique qui permit l'économie de l'opération militaire véritable.
Ainsi, peu à peu, le « regroupement se fait en Métropole ».
Au Parlement, le communiqué du général de Gaulle, critiqué ou défendu avec violence, a provoqué de la part de Guy Mollet - répondant au gaulliste Triboulet - une déclaration qui a fait sensation :
GUY MOLLET :
« Les propos que nous venons d'entendre méritent une très grande attention.
Si, cet après-midi, une nouvelle déclaration pouvait venir confirmer que vous
avez, Monsieur Triboulet, bien interprété la pensée du général de Gaulle, combien
les esprits seraient apaisés dans le pays...
Nous sommes nombreux ici à garder au général de Gaulle une grande estime et
une grande amiration, mais nous aimerions qu'il complétât un texte très insuffisant ! »
Immédiatement, la conviction s'est établie au Palais-Bourbon qu'un pont venait
d'être lancé entre Guy Mollet et Colombey. De nouveau se posait l'angoissante question :
« Qu'allait faire de Gaulle ? »
Quittons Paris de nouveau pour Alger.
Là aussi, le communiqué du général de Gaulle a eu un retentissement profond... et comporte des résultats appréciables :
S et M. BROMBBRGER :
De Gaulle entrant en lice, la tendance gaulliste triomphe au Comité.
Celui-ci se gonfle un peu chaque jour :
les sept membres du premier soir sont devenus vingt-quatre et sont en train de passer à quarante-six...
Cependant, une activité fébrilé se déployait dans tous les secteurs. On préparait activement les plans du débarquement et surtout leur publicité, car le
faire-savoir, en l'affaire, était encore plus important que le savoir-faire.
M. Roger Frey, le très distingué secrétaire général des Républicains Sociaux,
allait prêter au travail d'intoxication de la métropole son imagination littéraire.
Il venait d'arriver...
M. Frey allait prendre des fonctions qui mettraient à contribution son talent
littéraire. Il rédigeait les messages secrets que commençait à émettre
Radio-Alger et qui, écoutés dans la métropole (bien que les ondes ennemies fussent
brouillées), rendaient aux Français l'atmosphère de l'occupation, quand on
écoutait " Ici, Londres ".
- Ernestine est dans le chaudron... La
poule va faire son œuf !...
En réalité, ces messages n'avaient aucune signification.
Ils participaient de " l'intoxication " entreprise par Alger
pour donner à Paris le sentiment du danger.
C'était de la guerre des ondes en dentelles. Mais elle remuait la Métropole.
Le 17 mai, Jacques Soustelle, aprés une êvasion qui lui rallie tous les rieurs
- et les Français sont presque tous rieurs.
- a pu rejoindre Alger au milieu d'un
enthousiasme indescriptible.
Jacques Soustelle à Alger dans le bureau du Général Massu
en présence des gaullistes Lucien Neuwirth (à gauche) et Léon Delbecque (à droite).
Jacques Soustelle au balcon du gouvernement Général
« Algérois , vous m'avez compris ! »
célebre phrase reprise par qui vous savez !!!
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