Barberousse ou Khayr Al-Din





Un cri rompt le silence de la nuit, des clameurs et des hurlements de terreur s'élèvent à Fondi, petit village situé à vingt lieues au nord-ouest de Naples, dans la terre dite de Labour, qu'un lac sépare de la côte.

Le 21 juin 1534, le redoutable corsaire barbaresque, Khayr al-Din Barberousse, vient de franchir, à la tête de 8.000 hommes, quatre lieues de montagne.



      Portrait de Barberousse.

Alger, Barberousse portrait



Il veut enlever, à l'intention du harem de Soliman le Magnifique :

dont la réputation de beauté,
célèbre dans toute l'Italie,
était parvenue jusqu'aux rivages
de l'Afrique et de l'Asie.


Elle avait épousé, à l'âge de quatorze ans, Vespasiano Colonna, qu'elle avait préféré, tout boîteux et laid qu'il était, à tous ses jeunes et beaux soupirants.






Elle vivait entourée d'un cercle d'adorateurs parmi lesquels se trouvaient des guerriers, des poètes,
des artistes et des philosophes.

Le Titien et Sebastiano del Piombo étaient ses peintres et les poètes ne cessaient de célébrer, par des sonnets et des madrigaux, ses boucles d'or, son front pur et calme, ses lèvres attirantes, son regard mystérieux et troublant.



Les chevaux s'éloignent.



Réveillée en sursaut, la belle Julie n'a pas une minute à perdre.
Elle s'enfuit, à moitié nue, par une porte dérobée.

Un des hommes de sa suite qui, en toute hâte, vient de seller deux chevaux, l'accompagne.

Au moment où Barberousse et ses hommes pénètrent dans le château, ils entendent au loin le martèlement des sabots des chevaux lancés au galop et ils voient disparaître dans la nuit une gracieuse forme blanche.

Pendant quatre heures consécutives, Khayr al-Din Barberousse assouvira sa colère en massacrant les habitants de Fondi et en saccageant les églises où il s'acharnera particulièrement sur les statues de la Vierge.


Des raids de ce genre semblent aujourd'hui inconcevables.
Ils étaient fréquents au XVI siècle sur les rives de la Méditerranée.

Depuis bien longtemps, celle-ci avait cessé d'être le « mare nostrum » des Romains, et l'occupation par les Arabes de l'Afrique du Nord come du Proche-Orient, y avait instauré une insécurité que ni les Croisades, ni l'action des ordres religieux et militaires n'avaient réussi à faire disparaître.

La conquête de Constantinople par les Turcs ottomans aggrava la situation.

Peuple guerrier, issu de tribus nomades, originaires de la mer d'Aral, ces Turcs surent profiter, sous la conduite d'un chef énergique, de la décadence des empires perse et byzantin.
Ils submergèrent, par vagues successives, toute l'Asie Mineure et s'établirent sur les Dardanelles d'où ils s'infiltreront dans les Balkans.

Ils feront désormais peser sur la chrétienté désunie une redoutable menace.



Deux frères aventureux.



Qui donc est ce Khayr al-Din Barberousse, dont la haute taille, l'énorme barbe flamboyante qui masquait presque entièrement un visage au regard résolu et les épais sourcils hérissés suffisaient, dès qu'ils les apercevaient, à faire trembler les marins chrétiens?

Né dans l'île de Lesbos, de mère chrétienne, il était le second fils d'une famille de quatre garçons, Son père avait été soldat, mais avait abandonné, sur ses vieux jours, le métier des armes pour celui plus paisible de potier.

A sa mort, ses deux aînés, Arudj et Khayr al-Din, adolescents turbulents et ayant pour la mer un goût très vif, choisissent la voie des aventures.

Arudj   fraie le chemin à son frère ;
  • S'étant procuré un bateau, il part vers l'Asie Mineure pour y chasser les galères chrétiennes.
     
  • En route, il est fait prisonnier par un vaisseau des chevaliers de Rhodes et enchaîné au banc des galériens.
     
  • A la faveur d'une tempête, il brise ses chaînes, se sauve à la nage et parvient à passer en Egypte, ou il s'empresse de se faire inscrire sur le rôle d'une galère en partance pour la Karamanie.
     
  • Le gouverneur de celle-ci est le propre frère du sultan Selim - dit le Cruel.
    • Il reconnaît dans le jeune Arudj un marin intrépide.
    • Il donne l'ordre au gouverneur de Smyrne de fournir au fugitif un vaisseau rapide
      et propre à la chasse.

     
  • Mis ainsi en situation de donner libre cours à son audace naturelle,
    • Le jeune Arudj part chercher fortune sur les côtes de l'Italie du Sud.
    • Très rapidement, il amasse un gros butin et s'enquiert aussitôt d'un lieu sûr pour l'y déposer.
    • Arudj cingle alors vers la côte d'Afrique qui fourmille de ports abandonnés.
    • Il jette l'ancre devant l' île de Djerba,  la vieille île des Lotophages, sur la côte orientale de la Tunisie.


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