Aux Populations Civiles Victimes de Massacres et d' Exactions
commis aprés le 19 Mars 1962 en violations
des Accords d'Evian.
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Extraits du document du Comité international de la Croix-Rouge
paru en Décembre 2004 rédigée par Françoise Perret.
Les accords d’Evian et le sort des prisonniers :
- Signés le 18 mars 1962 et suivis, le lendemain, par la proclamation du
cessez-le-feu.
- Les accords d’Evian prévoient, à partir du 19 mars, un délai de
vingt jours au cours duquel les parties s’engagent à libérer les prisonniers
qu’elles détiennent et à informer le CICR de leur lieu de stationnement ainsi
que de
« toutes mesures prises en faveur de leur libération ».
- A l’expiration de ce délai, les autorités françaises ont fait connaître au
CICR les lieux de stationnement
de 3600 prisonniers capturés les armes à la main ainsi que les mesures prises pour leur libération et pour leur retour
dans leurs foyers, les libérations débutent effectivement au début du mois
d’avril.
(Rapport d’activité 1962, p. 9. RICR, N° 520, avril 1962, p. 176.).
-
A la même époque, le GPRA libère trois militaires français détenus
depuis le printemps 1961.
Deux autres militaires français, capturés par l’ALN en
février 1961, sont libérés en Kabylie et remis entre les mains de la Commission
d’armistice locale, à Tizi Ouzou.
Quatre autres soldats français sont libérés en
juin 1962 sur sol marocain.
Une vingtaine de légionnaires originaires de
divers pays européens sont libérés avant la fin de l’année 1962.
-
Cependant on reste sans nouvelles de 330 militaires français
et 264 civils européens
portés disparus à cette date.
La recherche des personnes disparues et la visite des détenus :
- Pour tenter de retrouver ces personnes, les délégués du CICR effectuent
des recherches dans différentes régions d’Algérie.
Ils lancent régulièrement des appels à la radio en français et en arabe
et s’efforcent d’obtenir le soutien des autorités algériennes dans leurs recherches.
-
Par ailleurs, ils visitent les personnes arrêtées en raison des troubles qui
ont suivi le cessez-le-feu et obtiennent un certain nombre de libérations.
- Ainsi, le 13 septembre 1962, deux délégués assistent à la libération de la prison
de Maison-Carrée, près d’Alger, de 25 ressortissants européens en faveur
desquels ils sont intervenus depuis plusieurs semaines.
- Le 17 septembre, ces mêmes délégués sont autorisés à visiter 34 Européens encore détenus à
Maison-Carrée;
Ils en dressent la liste qu’ils communiquent aux autorités
françaises.
- Le 25 septembre, les autorités algériennes remettent au CICR une nouvelle
liste de 43 Européens récemment arrêtés et internés à Maison-Carrée
; ses délégués sont autorisés à les visiter et, le même jour, ils assistent à la libération
de 7 détenus européens
- En octobre 1962, deux délégués du CICR, Pierre Gaillard et Roger Vust, prennent à nouveau contact avec les autorités algériennes; ils rencontrent notamment le président de l’Assemblée constituante, Ferhat Abbas et
le commandant en chef de l’ALN, le colonel Boumediene; ils obtiennent de leurs interlocuteurs l’assurance qu’ils les appuieront dans leur action de
recherche des personnes disparues et la garantie qu’ils seront autorisés à visiter
les anciens «harkis» détenus en Algérie.
- Le 7 novembre 1962, le président du CICR adresse au chef d’État algérien,
Ahmed Ben Bella, une lettre dans laquelle il lui confirme la démarche
de ses délégués.
(Rapport d’activité 1962, pp. 12-13. RICR, N° 527, novembre 1962, pp. 547-548. RICR, N° 528, décembre 1962)
-
En février 1963, l’un des vice-présidents du CICR, Samuel Gonard, se
rend à Alger pour négocier avec le gouvernement algérien afin d’obtenir,
notamment, l’appui des autorités pour la recherche des personnes disparues
depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, soit le 19 mars 1962 et dont le
nombre est évalué à près de 1500.
(Rapport d’activité 1963, pp. 8-9. RICR, N° 532, avril 1963, pp. 178-179. ACICR, B AG 251 (12))
Lettres de Léopold Boissier, président du CICR, à Jean de Broglie, Secrétaire d’État chargé des affaires algériennes, 5 avril et 20 mai 1963. Dans ces lettres le CICR avoue n'avoir pas obtenu l'accès à une vingtaine de camps de prisonniers.
-
Au cours de cette mission, Samuel Gonard s’entretient à plusieurs
reprises avec le président de l’État algérien, Ahmed Ben Bella, ainsi qu’avec des membres du Conseil des ministres.
-
A l’issue de ces conversations, le gouvernement
algérien et le CICR concluent un accord selon lequel ce gouvernement
s’engage à donner toutes facilités aux délégués du CICR pour l’accomplissement
de leur tâche;
Ils pourront notamment circuler librement sur
tout le territoire algérien.
Cet accord, entre le CICR et le gouvernement algérien, est renforcé
par l’aboutissement de négociations entreprises sur le même sujet entre le
gouvernement français et le gouvernement algérien.
Avant de quitter Alger, Samuel Gonard visite encore la
prison de Maison-Carrée où il s’entretient librement avec de nombreux détenus – pour
la plupart d’anciens «harkis ». Sur sa proposition, le gouvernement ordonne
la mise en liberté de 111 d’entre eux .
Le CICR visite les «harkis» et recherche les disparus :
-
Dès la mi-mars 1963, se fondant sur l’accord négocié par
Samuel Gonard, le CICR envoie en Algérie une mission composée d’une vingtaine de délégués et dirigée par Claude Pilloud.
-
Les délégués obtiennent sans difficulté l’autorisation de visiter les «harkis»
détenus dans des prisons; en revanche ils ne sont pas autorisés à se rendre
auprès de ceux qui sont détenus dans des camps militaires.
- Au cours de leurs visites dans les prisons, les délégués obtiennent la
libération d’un certain nombre de «harkis» et le CICR prête ses bons offices
en vue de la négociation d’un accord entre les gouvernements algérien et
français aux termes duquel la France accueillera tous les anciens «harkis»
désireux de quitter l’Algérie.
-
Quant aux recherches des personnes disparues, elles s’avèrent extrêmement
difficiles, notamment en raison du temps écoulé depuis les disparitions.
Pourtant les délégués se rendent systématiquement dans les lieux où les
disparus ont été signalés pour la dernière fois.
- Ils interrogent les témoins éventuels et les autorités locales.
- Ils obtiennent des renseignements probants pour environ 50% des cas.
-
Lorsqu’elles aboutissent, les enquêtes concluent le
plus souvent au décès ou à une forte présomption de décès;
pourtant un petit nombre de disparus sont retrouvés vivants :
il s’agit notamment de personnes
dont on a perdu la trace lors du rapatriement précipité des Français d’Algérie.
-
Samuel Gonard retourne en Algérie en juin 1963; il est reçu par
le président Ben Bella qu’il informe des difficultés rencontrées par les délégués du CICR dans le cadre de leur action.
Ils pensent qu’un certain nombre de disparus serait enfermé dans des camps militaires auxquels ils
n’ont pas accès; Ben Bella promet alors à
Samuel Gonard que les délégués pourront visiter ces camps.
-
A l’issue de son voyage en Algérie, Samuel Gonard arrive à la conclusion que le CICR ne doit pas y prolonger sa mission spéciale au-delà des dates initialement prévues (septembre 1963);
d’éventuelles visites à des «harkis» dans des camps militaires ne devraient donc revêtir qu’un caractère de sondage.
-
En fait, les délégués ne reçoivent pas l’autorisation de pénétrer dans ces
camps et, lors de sa séance du 19 septembre 1963, le Conseil de la Présidence
du CICR prend acte de cette situation et constate que le problème des « harkis » est désormais du ressort des gouvernements algérien et français.
-
La mission spéciale du CICR s’achève en septembre 1963,
le Croissant-Rouge algérien – reconnu le 4 juillet 1963 – reprenant désormais la responsabilité de la suite des actions entreprises par le CICR.
( ACICR, BAG 251 (12), Rapport de mission de Samuel Gonard, 28 juin 1963.
ACICR, BAG 251 (12), Note de Roger Gallopin, directeur exécutif du CICR, à Georges Hoffmann, chef de la mission spéciale du CICR en Algérie, 1 juillet 1963.)
-
Pourtant le CICR continue à recevoir des demandes de familles qui affirment que leur parent est toujours détenu en Algérie.
- Le 7 octobre 1963, il s’adresse à nouveau au gouvernement algérien dans l’espoir de pouvoir
faire visiter par ses délégués les «harkis» qui seraient détenus dans des camps
militaires; le gouvernement algérien répond cette fois positivement à la requête
du CICR.
( ACICR, B AG 229 (12), Lettre de Roger Gallopin, directeur exécutif du CICR, à M. Ben Zerfa, chef de Cabinet à la Présidence, 7 octobre 1963.)
- En janvier 1964, un de ses délégués est autorisé à visiter . . .
trois casernes,
à Constantine, Kenchala et Bou-Saâda; mais il n’y rencontre aucun
« harki », ni aucun disparus.
- Ses interlocuteurs lui déclarent d’ailleurs que, selon le gouvernement
algérien, le problème est terminé
(ACICR, BAG 229 (12), Lettre du gouvernement algérien au CICR, 20 novembre 1963.)
-
Pourtant, à l’occasion d’une mission effectuée suite au conflit algéro-marocain, un délégué du CICR, Jacques de Heller, approche à nouveau les autorités algériennes au sujet des « harkis » mais il n’obtient
que des réponses dilatoires.
- Le président du CICR écrit alors au président
du gouvernement algérien pour lui demander d’autoriser ses délégués à visiter
les « harkis » encore détenus en Algérie, mais cette lettre reste sans réponse.
(ACICR, B AG 229 (12), Rapport de mission de Jacques de Heller, 29 janvier 1964.)
-
L’année 1965 s’achève donc sans que le CICR puisse reprendre une
action en faveur des dernières victimes du conflit algérien détenues dans leur
pays. Son action en faveur des « disparus » ne débouche que sur des résultats très limités.
Conclusion :
Les négociations avec les dirigeants du FLN révèlent que l’action du
CICR en faveur des prisonniers et disparus détenus par les Algériens se heurte à des obstacles
quasi insurmontables.
Un autre domaine où l’action du CICR ne parvient pas à se développer
est celui de la protection des «harkis» aux mains des nouvelles autorités algériennes.
La liste des disparus n’a jamais pu être complètement établie du fait de l’interdiction des
nouvelles autorités algériennes de visiter les camps de prisonniers et disparus.
Seule la la prison de Maison-Carrée a pu être visitée.
Cette synthèse a été rédigée en Novembre 2004 par Françoise Perret.
Mes conclusions :
Je trouve très étrange que les communistes, les socialiste, les artiste (c’est souvent les mêmes) ,
Que le Monde , l’ Humanité, l’ Expresse , Philippe de Gaulle n’ont pas publié des extraits de cette synthèse du CICR sur les événements qui ont suivi la date du 19 Mars 1962. ……
Alors que certains entre eux avaient en pleine guerre fait leurs choux gras du rapport du
CICR parlant des méthodes d’interrogations des équipes de poseurs de bombes ou des tueurs de femmes et d'enfants..
On peut regretter que devant tant de promesses jamais tenues, et compte tenu des précédentes fuites au seins du gouvernement français, on aura peu trouver un ancien résistant ou un historien pour dénoncer le scandales des disparus depuis 1965.