La   Vraie   Bataille    d'Alger    en   1957







En Eté, nouvelle vague de terrorisme :





Malgré les échecs subis au début du printemps, le F.L.N. n'a pas renoncé à l'action terroriste, loin de là!.
 

Je donne alors le commandement du secteur  Alger-Sahel à mon adjoint,  le colonel Godard,  qui s'installe au palais Bruce, au plus près de la Casbah.

Il va y avoir deux ans que nous sommes à Alger, ma famille et moi, sans que l'idée même d'un jour de permission ou de détente me soit venue.     Ma femme ne veut se séparer ni de moi ni de notre fille...     nous sommes donc tous trois rivés à cette vie harassante, usante, que la chaleur, dès le mois de mai, rend plus difficile à supporter.

Un changement d'air, d'ambiance me serait bénéfique.
Mais il ne peut être question de décrocher d'Alger, surtout alors que reprennent les attentats, que se durcit à nouveau la rébellion.

Le lieutenant Mazza, mon aide de camp, conscient comme tout mon entourage, du problème, me propose la réquisition d'une villa sur la côte à quelques kilomètres d'Alger. Il s'agit d'une vaste maison, quelque peu délabrée parce que vidée et inoccupée depuis les « événements ».

Pour prévenir ma réaction qu'il devine hostile à une mesure personnelle, Mazza a prévu de consacrer tout le rez-de-chaussée et une aile de la bâtisse à un centre de convalescence pour les éclopés de ma division.
Il sait bien que c'est là un projet qui me tient à cœur!
Le principal agrément de la villa est son accès immédiat à la mer.

Chaque jours, dès le petit matin, je pars précédé de mes motards qui me font filer un train d'enfer.
Au volant de ma 403 blonde, l'acrobate du volant, le sergent parachutiste Happey, leur colle aux roues.
Je suis éternellement pressé et nous avons contracté là, Happey et moi, la dangereuse habitude d'oublier les servitudes du code de la route pour gagner les cinq minutes qui me manquent pour faire une heure!

Les agglomérations où se pressent maisons anciennes et récentes, luxueuses ou modestes, allant du château à tourelles au cabanons, se multipkient tout au long de ce front de mer au pied de Notre Dame d'Afrique.

Je traverse la pointe Pescadeles Deux-MoulinsSaint-Eugene,  je me glisse entre les barrages militaires, j'entrevois des voitures arretées et vidées.

C'est le chemin d'accès à la ville.
La voie de la fuite de ceux qui apportent le trouble et surtout la mort !

Je recevais beaucoup :

De gauche à droite :
Le général Massu, les colonels Perrin, Brothier, Mayer, JeanPierre, Romain-Desfossés


Alger Massu et ses colonels


Pour mes officiers, pour moi, il était vital de ressentir en commun l'atmosphère intraduisible du lieu même où se déroulait l'action... où elle venait de se dérouler.

Parfois, c'était l'inspection de V.I.P., d'autorités supérieures, qui m'amenait à ces déplacements.
Je n'avais pas toujours, alors, le même sentiment de ne pas perdre mon temps.

Dans la seconde période de la Bataille d'Alger, qui va commencer maintenant, j'irai souvent rendre visite au colonel Godard, auquel j'ai délégué mes pouvoirs concernant le secteur Alger-Sahel.
Son P.C., tout près de la Casbah, s'est installé dans un « palais »... encore un.

Le dimanche 9 juin, c'est la Pentecôte,
Ne peut-on penser à notre réaction,  à nous qui savions,  en cette soirée du 9 juin 1957,  qu'une main criminelle,  mue par une volonté froide, avait sciemment causé un drame analogue?

Ne peut-on imaginer notre désir de trouver les autres bombes prêtes à causer les mêmes drames, de tout mettre en œuvre pour les désamorcer?

Le 11 juin, les obsèques des victimes sont l'occasion d'une grave agitation.
Une grève inopinée est respectée par la population française de souche.
Certains musulmans sont malmenés.

Le couvre-feu est fixé à 21 heures pour l'ensemble de la ville.

Je m'adresse à la population et à mes troupes dans les termes que voici:

« Nous, militaires et policiers, ressentons la même douleur, la même indignation que vous devant les attentats dont sont victimes tant d'innocents.   Vos deuils et vos souffrances sont nôtres, du fond du cœur.

L'action difficile, qui nous est imposée par cette guerre secrète, exige, avec la foi dans la victoire qui nous anime, beaucoup de sang-froid, d'astuce et de temps.

Le moment n'est pas, même pour les étudiants, de se livrer sur la voie publique à des manliestations qui obligent les troupes et la poliœ à se distraire de leur effort essentiel pour en contrôler le développement.

Car vous n'ignorez pas qu'au milieu des gens les mieux intentionnés, aspirant à se libérer publiquement de l'angoisse qui les étouffe, se trouvent des provocateurs, soucieux avant tout de détourner vers leurs fins malsaines les mouvements de foules les plus honorables.

Il est primordial pour l'avenir de l'Algérie que nous tous ici donnions à la métropole et au monde le spectacle de l'union qui existe dans nos cœurs, notre seul but étant de réclamer et d'obtenir, dans la légalité, la justice saine et totale, indispensable à notre victoire.
»

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